• 3 - Rêver

         En ouvrant les yeux le lendemain, je suis prise de nausée en repensant à l’horreur qu’”elle” a subit. Comment peut-on faire ça à des être vivants ?

    En faisant le tour de la pierre tombale et en voyant la croix renversé, une vague de crainte m’envahit et je partie en courant. Je sentis sous mes pieds différentes textures, d’abord de la terre et des petits cailloux, qui, au passage font quand même vachement mal aux pieds, de l’herbe puis du goudron et enfin le carrelage rassurant du porche de ma maison.

    C’est arrivé chez moi qu’une seconde vague m’atteint : dans deux jours, j’aurais 20 ans, tout comme “elles”. Qu’est ce qui pourrait m’arriver ? Les pires scénarios se bousculent dans ma tête lorsque l’alarme de mon Samsung me rappela d’aller travailler.

    Après avoir revêtu ma veste et mon pantalon d’uniforme bleu foncé, mis mes boots et accroché mon taser et ma matraque à ma ceinture, je me mis en route pour la prison de La Nocturne.

    Lors de ma ronde habituelle, je marchais les yeux dans le vide, à penser à ce que Maryline avait pu ressentir le soir où elle a été sacrifié. Je n'arrêtais pas d’imaginer la scène horrible et sanglante lorsqu’une mains me pris le bras. À ma gauche, une femme d’une cinquantaine d’année me regardait fixement. Elle avait des yeux très bleu, presque blanc, et des long cheveux noir très raides et abîmés, tranchant avec la pâleur de sa peau, bien trop lisse pour son âge. Son regard, plongé dans le mien, me terrifiait et je n’arrivait plus à bouger, mes pieds refusaient d'obéir. Si je n’avait pas été paralysé par les yeux de cette femme, je serais déjà partie en courant. Puis, dans un souffle pestilentiel, elle lâcha un murmure à peine audible : “Tu vas mourir”. Ces mots me frappèrent.

    Lorsqu’elle vit ma mine décomposée, elle montra ses dents noires dans un sourir moqueur et elle desserra son emprise, ce qui me fit tomber en arrière, et alla se cacher dans un coin de sa cellule, assise les genoux contre la poitrines et les cheveux devant les yeux.

    Lorsque j’ai repris mes esprits et que je me suis relevé, je fus prise d’une rage soudaine qui s'évanouit aussi vite qu’elle était venu en voyant la cellule en face de moi, vide. “Je commence à devenir complètement folle…”   

    Une autre surveillante vint jusqu’à moi. “Je peux savoir ce que tu fais encore là ? me cria-t-elle, la directrice veut te voir !”

     

         Le bureau de la directrice était très grand, avec à droite de l’entrée, une grande bibliothèque en bois sombre qui prenait au moins la moitié du mur, à gauche une petite armoire à la porte cassée, avec à l’intérieur un manteau beige, une écharpe en laine noir et trois uniformes de la prison. Juste à coté se trouvait une grande photo en noir et blanc avec une vingtaine de personnes, toutes en uniformes, et une autres en longue blouse blanche. Sûrement la première équipe à avoir travaillé à la prison après son inauguration. La place restante sur le  mur était occupé par des peintures de paysages tous plus beau les uns que les autres.

    En face de moi se trouvait un grand et gros bureau, en chêne massif, rien à voir avec celui de mon salon. Dessus, un petit tas de feuille blanche, bien rangé, pas une seule ne dépassaient, un encrier et sa plume d’un magnifique bleu turquoise, une pile de dossier, toujours aussi bien rangé, et un chat. Un grand chat roux, avec des yeux très vert et un petit nez noir. Il s'appelait Perle, et c’était le “petit chachat adoré à sa maîtresse”, soit notre chère directrice.

    Elle était petite, très fine, et toujours en tailleur. Ses cheveux gris était coiffés en chignon haut. Elle avait de grand yeux sombre et n’était pas maquillé, elle n’en avait pas besoin. Ses ongles étaient très long, vernis de noir et elle portait une bague en or, sûrement son alliance.

    Personne ne connaissait son prénom, ni même son nom. C’était juste “Directrice” ou tout simplement “Madame”.

    Elle m’offrit un regard sévère.

    “-J’ai besoin de vous pour ce soir, Chest. Me dit-elle.

    -Vous voulez que je fasse une garde de nuit ?

    -Ce n’était pas assez clair peu être ? répondit-elle.

    -Madame, je suis ici depuis 10h ce matin, et vous voulez que je fasse la garde de nuit jusqu’à demain matin ?

    -Exactement, mais si sa vous dérange, vous pouvez toujours me rendre votre uniforme.

    -Je la ferais, répondis-je, pressé que cette discussion se termine.

    -Bien, vous pouvez reprendre votre travail, m’ordonna-t-elle.

     

         Il était 17h30, et c’était enfin l’heure de la pause tant mérité.

    Personne ne m’en voudra si je fait une petite sieste histoire de prendre des forces pour tenir toute la nuit.

    Lorsque je m’assis sur ma chaise et que je posais mes pieds sur la petite table en plastique au milieu de la pièce et que je fermais les yeux, je sentis que j’étais observé. En ouvrant les yeux, ceux de mes collègues présents dans la salle se détournèrent de moi. C’était marrant de voir que même ici les gens avaient peur de moi. Tous se mirent à discuter comme si rien ne s’était passé, et je refermais les yeux pour me plonger dans les bras de Morphée.

         

         Je fis un rêve. J’étais poursuivis par une grande ombre noir, menaçante. Il faisait nuit et j’étais pied nu. Je courais pour ne pas me faire rattraper car je ne savais pas ce que cette ombre voulait et pouvait me faire.

    Nous étions dans une immense forêt, de long arbre sombre et imposant longeait le chemin sur lequel je courrais et les cailloux sur lesquels je marchais me faisant horriblement mal au pieds, mais je ne m'arrêtais pas de courir pour autant.

    Au bout de l’interminable chemin sur lequel je m'essoufflais se trouvait un grand mur infranchissable en pierre. Lorsque je me retournai pour trouver un moyen m’échapper, en examinant toutes les maigres possibilités qui s’offraient à moi, je vis l’ombre s’approcher de moi à une vitesse phénoménale. Je n’ai pas eu le temps de crier quoi que ce soit que je me retrouvais déjà à l'intérieur d’une vieille église, attachée sur une grosse planche de bois. Mes membres étaient attachés à des cordes, elles même enroulées dans des poulies.

    Autour de moi, plusieurs silhouettes drapées me maintenaient contre la planche pendant que d’autre tournaient les manivelles des poulies, qui grinçait horriblement, ce qui m’arracha les bras et les jambes dans un craquement sourd. Alors que je criais à m’en déchirer les poumons, et que je pleurais toutes les larmes de mon corps, une des silhouettes ramassa mes membres et les lança dans un grand feu pendant que je me vidais de mon sang. Je n’arrivais plus à réfléchir ou à dire quoi que ce soit et étais juste assez consciente pour apercevoir un visage très ridé se pencher vers moi, la seconde d’après, je ne voyais plus rien.


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